L’Université Citoyenne
L’Université Citoyenne
L’Université se définit comme étant un « Univers » où se croisent la théorie et la pratique dans tous les domaines qui intéressent l’humanité. Autrement dit, c’est « l’usine » où se « fabrique » le savoir qu’on appelle communément « invention » de par sa nouveauté et sa capacité à donner lieu à une application industrielle utile pour le marché. Le résultat de ces recherches scientifiques, réalisées en laboratoire, souvent universitaires, sont reprises ensuite par le monde de l’entreprise qui les transforme en produits ou services à même de répondre à des besoins industriels ou d’organisation du travail non couverts avant l’invention ou la novation. Donc, en apparence nous avons d’un côté, les enseignants universitaires et de l’autre les étudiants inscrits dans les différents cursus de formation. Les deux sont gérés par un corps administratif qui intervient activement en back office.
De par sa nature, le milieu universitaire est réputé être « généreux » en ce sens que l’enseignant engagé dans la transmission du savoir donne sans compter eu égard au lien « affectif » qu’il tisse avec les apprenants à tel point que l’encadrement dépasse l’enceinte de l’université et se prolonge volontairement jusqu’à des heures tardives le soir au dépens d’une vie privée.
C’est dire que la citoyenneté est le propre même de l’université. Une grande frange de l’élite marocaine est un « pure produit » de l’université marocaine et plus généralement de l’école publique qui a le mérite de continuer à former des cadres de haut niveau dotés d’une grande capacité d’adaptation et de flexibilité remarquable.
Si l’université est citoyenne par essence, on est en droit de se poser la question de savoir comment se comporte le baromètre de la citoyenneté au niveau de cet établissement en période de confinement sanitaire dicté par le Coronavirus du COVID-19 et quel serait l’impact de cette situation sur le devenir de l’Université ?
Au fait, un changement profond est attendu au niveau des méthodes de transfert des connaissances et leur évaluation d’une façon aussi rigoureuse que dans le cadre d’un mode présentiel.
Le modèle occidental en est un cas d’école. Celui-ci repose sur l’apprentissage à distance, appelé aussi formation on-line (e-learning). Il faut dire que les technologies de l’information et de la communication ont révolutionné le monde universitaire dans la mesure où ils ont joué un rôle remarquable dans la vitesse de vulgarisation et le partage de la connaissance. Ainsi assiste-t-on à une véritable démocratisation du savoir, symbole de mondialisation ayant facilité l’accès à l’information surtout pour les pays en développement comme le Maroc. D’où une opportunité à saisir !
Le confinement n’a pas empêché l’université marocaine à continuer à remplir pleinement son devoir qui lui est dévolu pour éviter une année blanche en dépit de l’état d’exception sanitaire déclaré à l’échelle planétaire. En effet, l’encadrement est assuré d’une façon normale même pour les étudiants qui ont vu leur stage de fin d’étude suspendu en raison de la pandémie.
Le pays traverse certes une période des plus difficiles de son histoire mais l’Université est engagée à mettre sa contribution à l’effort national pour qu’il n’ait pas une déperdition des énergies à une époque où les deniers publics se feront à l’avenir de plus en plus rare compte des fonds que les Pouvoirs Publics ont mobilisé pour faire face au ralentissement voire l’arrêt soudain de l’activité économique tant au niveau national qu’au niveau mondial occasionnant une récession brutale et dans précédent.
En résumé, l’université marocaine devrait gagner davantage en citoyenneté pour la période post crise socio économique en œuvrant concomitamment sur deux axes de changement :
- Passer rapidement d’un mode classique de transfert de « savoir faire » technique à un mode éducatif basé sur le « savoir être » et le « savoir vivre », autrement dit agir sur les comportements ou les « soft skills » en développant chez le responsable de demain le reflexe d’acteur de changement en tant que citoyen investi de pouvoirs et de devoirs envers ses concitoyens.
- Réduire la mobilité géographique des chercheurs et apprenant via l’utilisation massive des TIC et en développant chez eux le sens du livrable en se fixant des objectifs (projets) réalisables, acceptables et mesurables. Cette démarche inspirée du monde de l’entreprise aura pour effet immédiat de former les jeunes à l’obligation de résultats comme seul moyen pour contribuer au développement personnel et collectif. L’idée derrière ce concept repose sur la prise de conscience de l’importance du « capital immatériel » dans le cadre d’un contrat social basé sur la trilogie : la volonté, l’engagement et la confiance entre les différentes de l’université.
Loin d’être un modèle de développement, cet article est une modeste contribution pour repenser l’Université marocaine en vue de la mettre au service de la Nation en agissant sur toutes forces vives.
Bellaghzal haj